Troubles Alimentaires

Les troubles alimentaires

Il n’est pas toujours facile de comprendre la complexité des troubles alimentaires. Le processus de rétablissement de cette maladie est long et éprouvant. Il peut engendrer son lot d’émotions chez les proches de la personne malade. Se tenir informé permet une meilleure compréhension de la maladie et de ses enjeux.

Les désordres alimentaires sont un appel au secours dans une société individualiste portée sur l’image corporelle et la performance. Il faut soigner les gens avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard après avoir fait trop de régimes, car, chaque fois, la perte de poids est de plus en plus lente, et la reprise de poids subséquente, de plus en plus rapide.

Exercer sa volonté est le moyen le plus communément conseillé pour lutter contre les troubles alimentaires. Qui n’a pas entendu dire que maigrir est très simple, puisqu’il suffit de manger moins ? Dans la réalité, l’approche individuelle peut fonctionner, mais selon des recherches récentes, cela se produit très rarement.

HYPERPHAGIE BOULIMIQUE

Quand les compulsions mènent notre vie.

Plutôt que de simplement manger trop tout le temps, les personnes souffrant d’hyperphagie vivent des épisodes compulsifs pendant lesquels elles ingèrent rapidement de grandes quantités de nourriture. Ces personnes en proie à la souffrance perdent la maîtrise d’elles-mêmes durant ces épisodes, et elles en éprouvent ensuite de la culpabilité et de la honte. Un cercle vicieux s’installe. Plus ces personnes sont en détresse relativement à leurs crises d’hyperphagie, plus ces comportements semblent se produire fréquemment. Parce qu’elles n’ont pas de comportements compensatoires inappropriés (vomissements, usage de laxatifs, jeûnes, etc.), plusieurs d’entre elles sont en surplus de poids ou obèses. L’inévitable sentiment de culpabilité qui suit toute perte de contrôle est destructeur. Revalorisation, angoisse et honte conduisent à la détresse psychologique.

Les mangeurs compulsifs sont obsédés par leur corps déformé par de nombreux abus, ce qui ne fait qu’aggraver leur faible estime d’eux-mêmes. Les régimes drastiques entrepris à maintes reprises ne font que renforcer le problème de compulsion, menant à de nouveaux échecs.
Contrairement à la boulimie, beaucoup plus présente chez les femmes, près de 40 % des cas d’hyperphagie s’observent chez les hommes.

OBÉSITÉ

Jusque très récemment, les médecins ne s’intéressaient pas beaucoup à l’obésité, car ils considéraient que c’était le résultat de mauvaises habitudes et qu’il ne suffisait que d’un peu de volonté pour perdre du poids. Les personnes obèses étaient jugées incapables de cet effort volontaire. Lorsqu’on fait l’historique d’un patient obèse, on est au contraire surpris par le nombre de tentatives souvent draconiennes qu’il a faites pour réduire son poids.

Le traitement de l’obésité dure toute une vie et doit être entrepris par des équipes multidisciplinaires qui comprennent des nutritionnistes, des entraîneurs (éducation aux changements des habitudes alimentaires et des activités physiques), des psychologues (éducation à la gestion des émotions), des médecins et possiblement des chirurgiens (l’opération bariatrique étant réservée à une certaine catégorie de patients). L’objectif de ces prises en charge est l’éducation, et non pas l’imposition d’une diète pendant six mois.

L’obésité est difficile à vivre physiquement, socialement et psychologiquement. Outre le regard des autres et la souffrance psychologique qui plongent certaines personnes dans la dépression, l’isolement et l’anxiété, l’obésité a de graves conséquences sur la santé d’un individu. Les accidents cardiovasculaires et cérébraux, les risques de cancer, le diabète de type 2, le syndrome d’apnée du sommeil, les problèmes d’articulations et l’arthrose les guettent à chaque instant. Dans bien des cas, l’obésité peut s’apparenter à un handicap. Elle peut entraîner des arrêts de travail, des difficultés à l’embauche, le rejet, une discrimination sociale et une qualité de vie médiocre.

ANOREXIE

Les anorexiques perdent beaucoup de poids, mangent très peu et s’engagent dans des activités physiques intenses pour « brûler » des calories. La plupart des anorexiques ne comprennent pas qu’ils ne mangent pas assez et que leur perte de poids est dangereuse. Même quand il pèse 35 kilos, l’anorexique se sent gros.

Le corps de l’anorexique exprime sa détresse par l’arrêt des menstruations, par des maux de tête, des problèmes digestifs, une fatigue excessive, la perte des cheveux et des dents, des troubles de la vision et de l’audition. À cette étape, si la personne n’est pas soignée, elle tombe au stade de la dénutrition aiguë pouvant entraîner la mort.

L’anorexique dévoile un perfectionniste qui a peu d’estime de lui-même. Bien qu’il soit très performant, il se déteste, et ce qu’il fait subir à son corps est une forme d’autodestruction. Hypersensible, la personne a appris à toujours refouler ses émotions. Une dynamique familiale où l’on dénote l’absence de communication est souvent la cause de l’anorexie.

La personnalité, la société et l’influence extérieure constituent ce système dans lequel ces personnes se sentent écrasées et dépassées. En faisant des régimes, elles ont enfin le contrôle total sur quelque chose, et le dérapage commence. Le problème psychologique devient aussi biologique. L’anorexie s’installe et s’auto-entretient. Plus ces personnes jeûnent, plus elles ont peur de manger.

Des facteurs familiaux, culturels et sociaux pèsent lourdement sur les épaules de la personne anorexique. Si elle veut s’en sortir, les spécialistes ne le nient pas, la route est longue. Les chances de guérison sont plus grandes au début de la maladie, car il s’agit d’un comportement qui a tendance à s’aggraver avec le temps.

BOULIMIE

La boulimie est un trouble de santé mentale qui se caractérise par des compulsions alimentaires suivies de méthodes compensatoires telles que des régimes draconiens, des jeûnes, des vomissements provoqués, des exercices excessifs, etc. Des sentiments de honte et de culpabilité sur les plans social, physique et psychologique peuvent être liés à la boulimie. La personne peut éprouver de l’anxiété, des sentiments dépressifs, et sombrer dans l’isolement social. Ces problèmes peuvent être accompagnés d’idées suicidaires. C’est une maladie sérieuse qui, non traitée, peut mener vers la mort.

La boulimie peut aussi causer divers problèmes de santé : perte de sels minéraux et de l’émail des dents, troubles intestinaux, maux de ventre, déshydratation, malfonctionnement des reins, grande fatigue, arythmie, voire l’arrêt cardiaque. Les vomissements répétés provoquent l’enflure des glandes salivaires, l’inflammation de l’œsophage et une dilatation de l’estomac allant parfois jusqu’à la perforation.

L’anorexie et la boulimie peuvent être liées. Une personne peut passer sans cesse de comportements associés à l’anorexie à des comportements associés à la boulimie. Il faut en chercher les causes dans un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux.

L’anorexie et la boulimie sont les symptômes d’une grande détresse psychologique. Le fait que la minceur soit valorisée incite les adolescents à prendre ce moyen pour se faire aimer, mais leur problème est ailleurs. Ces personnes souffrent d’un profond malaise intérieur. Pour s’en sortir, elles auront donc autant besoin de mieux se nourrir que de régler leurs troubles affectifs et émotionnels.

Le mot de Josée

Sachant d’expérience combien il est difficile de s’en sortir seul, je suggère aux gens qui ont des troubles alimentaires de confier leur détresse et d’alléger leur fardeau. Il y a toujours quelqu’un en qui nous pouvons placer notre confiance. Il y a toujours une petite goutte d’amour qui vit quelque part… On en a tellement besoin ! Il s’agit de la trouver.

Si tu as envie d’en parler avec moi, tu peux m’écrire à : j2brouillette@gmail.com.